caco-nibs
01 octobre 2019

Des écales de cacao comme combustible : une bioénergie qui fait bondir la capacité de production

Produire des centaines de tonnes de chocolat par jour requiert une grosse quantité d’énergie. À l’usine de Barry Callebaut de Saint-Hyacinthe, plus grande usine de transformation de chocolat d’Amérique du Nord, les écales de cacao générées chaque année ne sont plus considérées comme un déchet, mais comme un biocombustible grâce auquel on produit de la vapeur nécessaire au procédé industriel. Du même coup, l’usine a augmenté sa productivité et sa compétitivité.

Valorisation des déchets et gain de productivité

La chaudière à biomasse alimentée par les écales de cacao produit une partie de la vapeur nécessaire au procédé industriel.

Depuis l’été 2018, une partie de la vapeur utilisée pour la cuisson des fèves de cacao est produite par une chaudière à biomasse qui brûle les écales de cacao. Ce qui était un déchet est devenu un combustible gratuit et à portée de main, qui remplace le gaz naturel. La productivité et la compétitivité ont fait un bond : les économies sur la facture de gaz se chiffrent à 199 000 $/an et, grâce à une innovation technique qui demeure un secret industriel, le temps de cuisson des fèves a diminué.

Autre avantage : le projet permet d’atteindre un objectif stratégique corporatif, soit celui de diminuer la consommation énergétique des usines de Barry Callebaut à travers le monde et d’utiliser davantage d’énergies vertes. « Valoriser un déchet organique en en faisant un combustible cadrait tout à fait avec cet objectif », mentionne Jocelyn Morin, directeur Maintenance & Ingénierie à l’usine de Saint-Hyacinthe.

Collaboration et réalisation intégrée, gages de succès

L’usine de Barry Callebaut a une équipe d’ingénierie interne, ferrée dans la gestion de projet. « On s’y connait très bien dans les machines qui produisent du chocolat, moins dans les chaudières à biomasse. Et comme notre travail, c’est de veiller à la production du chocolat, on a peu de temps pour développer de façon optimale ce genre de projets », souligne Jocelyn Morin, qui souhaitait compter sur un partenaire externe qui prendrait en charge la totalité du projet.

La biomasse n’est pas une technologie si répandue dans les procédés industriels. Opter pour des nouveautés technologiques est toujours plus difficile que d’aller en territoire connu. Avoir un partenaire expert, qui installait les nouveaux équipements sans affecter la production, qui garantissait les résultats et qui était présent et très engagé au moment de l’optimisation de la chaudière a pesé lourd dans la balance quand Barry Callebaut a décidé de se lancer. La collaboration et la réalisation intégrée – soit la prise en charge de la conception, de la construction et de l’optimisation – ont été gages de succès, du début à la fin du projet.

« Et en plus, Ecosystem allait chercher le maximum de subventions pour financer le projet. Pour ça aussi il faut de l’expertise. On serait peut-être passé à côté de cet argent si on avait fait le projet par nous-mêmes », reconnait Jocelyn Morin.

Exiger des performances

L’équipe d’ingénierie de Barry Callebaut avait un cahier des charges très précis et des exigences fermes. L’équipement à installer devait être une chaudière à biomasse calibrée pour brûler des écales de cacao et de nombreuses contraintes techniques relatives au procédé devaient être respectées.

L’optimisation d’un nouvel équipement de ce genre préoccupait l’équipe en place. Selon Yannis Huber, ingénieur de projet à l’usine de Saint-Hyacinthe, « l’intégration d’une technologie propre représente toujours un défi. L’optimisation est une étape clé pour atteindre les performances et faciliter la maintenance », deux autres exigences de l’équipe de Barry Callebaut. « Ecosystem a été très impliquée à cette étape cruciale, tout le monde a mis l’épaule à la roue, on ne s’est jamais senti seul », ajoute-t-il.

Le projet retenu par Barry Callebaut était celui qui correspondait aux exigences et non pas celui qui coûtait le moins cher. « On n’a pas choisi un prix, on a choisi un projet qui concrétise notre vision d’avenir et qui apporte une valeur à long terme », affirme Jocelyn Morin. Cette valeur se traduit par les économies annuelles garanties, l’augmentation de la productivité et la diminution de l’empreinte carbone de l’usine, conformément à l’objectif vert de la maison mère.

Optimiser pour produire plus

« Quand on veut augmenter la productivité, le premier réflexe, c’est d’ajouter des machines de production », indique Jocelyn Morin. Or, le projet a démontré que l’optimisation d’équipements existants pouvait apporter un gain de productivité notable pour un investissement moindre. Ce travail d’ajustement, de raffinement du fonctionnement de certaines machines s’est ajouté à l’installation de la chaudière à biomasse, le tout assurant l’atteinte des plus hauts niveaux de performance.


Pour son projet, l’usine de Barry Callebaut de Saint-Hyacinthe a reçu trois prix :

  • 2019 ASHRAE Technology Award, dans la catégorie Bâtiment ou procédé industriel existant – Région 2 (Est du Canada). L’ASHRAE, association réputée mondialement, honore les projets d’ingénierie visant à rendre hautement performants les systèmes de chauffage, de ventilation, de climatisation et de réfrigération dans le but de rendre l’environnement bâti plus durable.
  • Association of Energy Engineers’ (AEE) 2019 Award – Canada Region Innovative Energy Project of the Year. Reconnaissance remise par l’AEE, association réputée mondialement, pour souligner les meilleures réalisations dans le domaine de l’énergie.
  • Prix Eurêka 2019, dans la catégorie «Manufacturier et industriel». Reconnaissance remise par Écotech Québec aux pionniers qui adoptent les technologies propres du Québec.
Vous aimeriez en savoir davantage?