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15 septembre 2016

Un projet écoénergétique multifacettes à l’Hôpital Saint-François d’Assise

Pour les gestionnaires d’établissements hospitaliers, il n’est pas toujours évident de régler toutes les problématiques auxquelles ils doivent faire face : équipements en fin de vie utile, bâtiments âgés, exigences de confort, normes sévères. Le tout dans un milieu fonctionnant en continu et fréquenté de manière croissante, vieillissement de la population oblige. Ces problématiques étant imbriquées les unes aux autres, la solution se doit d’être globale : un seul projet, plusieurs bons coups. Un contexte idéal pour un projet de performance énergétique intégré (PPEI). Entrevue avec Patrick Ouellet, ingénieur et adjoint au directeur des services techniques-réalisation immobilière au CHU de Québec-Université Laval, qui mène le PPEI implanté à l’Hôpital Saint-François d’Assise.

Les PPEI modernisent et optimisent les systèmes électromécaniques des bâtiments de façon approfondie. Les résultats sont garantis, tout comme les coûts d’implantation, les économies d’énergie et les subventions.

À l’Hôpital Saint-François d’Assise (HSFA), à Québec, on s’est lancé. «C’est un projet multifacettes», explique Patrick Ouellet. «On économise de l’énergie, on met à niveau certains systèmes et équipements et on règle des problèmes de confort», dit celui qui n’en est pas à ses premières armes en termes de PPEI. Quatre des cinq hôpitaux du CHU ont implanté ce type de projet. Les économies garanties totales atteignent 3,7 M$ par année.

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«Ce projet permet de faire ce qu’on ne ferait pas autrement, grâce au financement. Ça touche l’ensemble du bâtiment, on ne pourrait pas faire ça avec nos enveloppes de maintien d’actifs limitées» – Patrick Ouellet, ingénieur et adjoint au directeur des services techniques-réalisation immobilière au CHU de Québec-Université Laval

Maximiser les résultats

Dans un milieu où les soins sont la mission première, l’efficacité énergétique est une valeur ajoutée, mais pas une priorité. Par contre, les projets de construction et ceux visant à améliorer les vastes systèmes électromécaniques du bâtiment sont les dossiers quotidiens de Patrick Ouellet.

« Les firmes qui font des PPEI développent des projets qui touchent l’ensemble du bâtiment. Chaque équipement fait partie du concept global », relate Patrick Ouellet. Rien n’est fait à la pièce, tout est pensé dans un ensemble, pour maximiser les résultats. « Ecosystem, la firme qui prend en charge l’ensemble du projet, parvient même à arrimer d’autres travaux en cours au PPEI, note-t-il. C’est une nouvelle philosophie de gestion de l’énergie. »

Difficile en mode traditionnel

Selon lui, il aurait été difficile de faire un projet aussi poussé à l’HSFA en optant pour un mode de réalisation traditionnel qui, en plus de favoriser le plus bas soumissionnaire au détriment de technologies les plus efficaces et de meilleurs résultats, privilégie une conception et une exécution en vase clos. À l’inverse, la réalisation intégrée permet de faire affaire avec une seule firme, de la conception au suivi des économies. S’il y a un problème, une erreur, un fonctionnement anormal, il n’y a qu’un seul appel à faire. « Il n’y a pas différents intervenants qui se renvoient la balle. Les firmes se doivent d’être en mode solution », explique Patrick Ouellet. De plus, ces firmes sont sélectionnées sur la valeur actuelle nette du projet, soit le bénéfice financier obtenu par le client à long terme.

« Ce projet permet de faire ce qu’on ne ferait pas autrement, grâce au financement. Ça touche l’ensemble du bâtiment, on ne pourrait pas faire ça avec nos enveloppes de maintien d’actifs limitées », affirme-t-il. Car comme dans tout projet, le coût demeure le nerf de la guerre. Et les PPEI ont cet avantage qu’ils sont financés par les économies d’énergie garanties et les subventions. « À terme, ça coûte moins cher qu’un projet traditionnel, qui ne viserait qu’un remplacement ou une mise à niveau sans valeur ajoutée », mentionne-t-il.

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Cédric Bertrand, chef de l’équipe de projet d’Ecosystem à l’Hôpital Saint-François D’Assise, en compagnie de Patrick Ouellet.
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Cédric et Patrick à côté du refroidisseur de liquide installé sur le toit de l’urgence. À gauche : David Bonneau, concepteur du projet.

Moins de risques…

Les PPEI minimisent à la fois les risques techniques et financiers pour le client. Les résultats sont garantis, « c’est donc dans l’intérêt de la firme de faire des installations optimales [qui vont livrer les résultats], souligne Patrick Ouellet. Et c’est aussi dans l’intérêt du client. »

De plus, la garantie s’étale dans le temps — 10 ans dans le cas de l’HSFA. Cette approche impose des choix techniques judicieux dès le départ, mais elle nécessite aussi un suivi serré pour veiller à ce que les équipements soient constamment optimisés et opérés de façon adéquate. Ce suivi est aussi l’occasion de s’assurer que tous les systèmes d’efficacité énergétique implantés sont exploités à leur plein potentiel, afin d’atteindre ou d’excéder les résultats prévus lors de la conception, « ce qui peut même engendrer des économies supplémentaires », se réjouit Patrick Ouellet. « À l’inverse, en mode traditionnel, il n’y a habituellement pas de mécanisme de suivi rigoureux, ajoute-t-il. Si les économies ne sont pas atteintes, c’est le client qui en assume les conséquences. »

… plus de collaboration

La collaboration, un des piliers des entreprises réalisant des PPEI, est un gage de leur réussite. « Je connais peu d’entrepreneurs en construction plus axés client que ces firmes. », indique le gestionnaire. « On va être ensemble pour les dix prochaines années », précise-t-il. Autant que les relations soient bonnes. « La collaboration évite les dérapages. Beaucoup de litiges sont dus à des relations interpersonnelles manquées, des malentendus », remarque celui qui gère plus d’une centaine de projets par année, dont certains sont teintés de mésententes.

« On travaille ensemble, c’est un réel partage », indique Patrick Ouellet, en ajoutant que cette attitude est gagnant-gagnant. L’HSFA fait en sorte que l’équipe d’Ecosystem soit efficace sur le chantier et la compagnie donne son meilleur pour améliorer sans cesse les résultats.
La bonne entente et l’écoute sont d’autant plus importantes que des travaux en milieu hospitalier peuvent facilement devenir la source de situations critiques. Le bien-être des patients, la prévention des infections, le fonctionnement d’équipements vitaux… Tous les sujets sont abordés, les nombreux impondérables considérés et, ainsi, la survenue d’impairs majeurs est évitée.

Complexes mais avantageux

Les contrats qui régissent les PPEI sont complexes, ce qui en rebute quelques-uns. Face à ce constat, « l’industrie devrait se questionner, il faudrait simplifier tout ça, c’est de la responsabilité de tous », pense l’ingénieur. Malgré cet obstacle, Patrick Ouellet affirme qu’« il y a un réel gain à implanter de tels projets » et rappelle que les accompagnateurs sont là pour épauler les clients.

En apprendre plus sur les défis logistiques du projet à l’HSFA.

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